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Une bien étrange prison...

Page créée le : 30 août 2007
Dernière mise à jour : 2 décembre 2007

Cet été, je me suis lancé dans l'écriture d'une petite histoire, je dirais une nouvelle fantastique, issue d'un petit délire. Je vous la livre, elle n'est pas très longue, mais il ne faut surtout pas commencer par lire la fin, car vous perdriez tout l'intérêt...

 Une bien étrange prison...


L'histoire que je vais vous conter ici est une étrange histoire, qui se déroule dans les temps actuels, mais dont la réalité pourrait tout à fait se trouver, à quelques éléments prêts, quelques années dans le futur, ou au contraire dans le passé. Bref, la localisation temporelle de cette histoire n'est pas de la plus grande importance.

Cette histoire est celle d'une prison, une étrange prison en vérité ; pour ne pas dire une étrange histoire, née un matin d'été.

Je vous conterai cette aventure, telle que je l'ai vécue de l'intérieur, vous laissant soin d'essayer de percer le mystère qui l'entoure, et j'apporterai quelques éléments d'éclaircissement, que j'ai eu l'occasion d'apprendre plus tard, de personnes bien informées, à la fin de l'histoire. Mais prenez patience, et poursuivez votre lecture.

J'étais donc enfermé dans cette prison, depuis quelques jours. Combien au juste, je ne saurais m'en rappeler avec exactitude, mais qu'importe. J'avais été jeté là un beau jour, sans réellement savoir pourquoi. Mon avenir aurait pu être radieux sous d'autres cieux, confortablement installé, dans une belle résidence en hauteur, toute neuve, propre et avec une jolie vue dégagée.

C'était une bien drôle de prison, dans laquelle j'étais enfermé. Une prison complètement fermée, sans la moindre fenêtre, à la forme ronde, mais aux murs irréguliers. Lorsque j'avais été jeté là, la prison était déjà bien occupée, par nombre de personnages étranges dont j'essayerais plus tard de vous faire une description détaillée.

Mais revenons-en à cette prison. Comme je le disais, pas de fenêtre, la seule issue était constituée par le toit, qui s'ouvrait régulièrement, soulevé par les responsables de la prison. En effet, mes compagnons d'infortune et moi-même avions droit à des sorties régulières.

Heureusement, car il régnait à l'intérieur un désordre indescriptible, et nous étions littéralement collés les uns aux autres, les uns sur ou sous les autres, dans des positions invraisemblables, inconfortables, que personne ne pourrait imaginer, et encore moins envier.

Avant d'arriver dans cette prison, j'avais eu une vie calme et tranquille, je résidais en famille, au sein d'une très grande famille, unie, et nous restions toujours ensemble. J'avais plusieurs frères, et nous étions tous identiques. Je me suis d'ailleurs souvent posé la question de savoir si, en vérité, nous étions des jumeaux, des clones, sans jamais avoir d'explication claire et précise à ce propos. Il y avait également tous les cousins et cousines, très ressemblants, mais dont le teint et certains autres détails différaient. Certains étaient plus grands ou plus gros, d'autres au contraire, plus petits ou plus maigres. Un jour, j'avais été arraché à ma famille, entraîné dans un voyage mouvementé, qui me parut très long du fait des nombreux changements très rapides de moyen de locomotion, rencontrant foule de créatures étranges et variées, avant d'atterrir, sans comprendre pourquoi, dans cette prison.

Il me semble important maintenant, et avant de passer à l'action qui eut lieu cette fameuse nuit, de vous décrire les personnages qui m'entouraient dans ce lieu de contraintes. Remarquez, quand je parle de personnages, je pense que le nom le plus adapté, que je reprendrai sans doute par la suite, serait plutôt celui de créature.

La première de ces créatures possédait un corps presque plat, lisse et régulier, qui se terminait par une queue de forme ronde, elle aussi lisse, dure et aussi longue que le corps. Le corps reposait sur une multitudes de pattes, longues et fines, bien alignées, telle un bataillon d'une armée en campagne. J'avais surnommé celui-là le mille pattes.

Une autre créature lui ressemblait, à ce détail prêt qu'elle possédait encore plus de pattes, mais pas alignées de la même manière, et que, son corps étant légèrement bombé, les pattes n'arrivaient pas toutes au même niveau. Celui-ci ressemblait, pour peu qu'on le regarda à l'envers, à un porc-épic.

La plupart des occupants de la prison possédaient un corps lisse et régulier, plus ou moins allongé, et souvent de forme ronde. Certains étaient tout en longueur, d'autres aussi hauts que longs.

Deux ou trois avaient un corps très long, pas tout à fait régulier, et une tête singulière, entièrement couverte de drôles de cheveux, durs et hérissés, amassés en rangs serrés, telle une forêt de bambous.

Ceux là étaient toujours accompagnés dans leurs sorties par une créature toute lisse, avec un corps rond au niveau de la tête, et qui allait de plus en plus fin à l'arrière de son corps. Corps qu'il avait très souple et déformable, prenant chaque jour, après ses sorties, une forme légèrement différente, et perdant insensiblement du volume chaque jour, chose dont je ne me suis aperçu qu'après quelque temps.

Une autre étrange créature était toute plate, lisse et toute en longueur, et possédait elle aussi un grand nombre de pattes rigides, disposées différemment de celles du mille pattes. A l'avant et à l'arrière de son corps, une patte épaisse et solide. Et entre celles-là, une trentaine de pattes, ou peut-être plus, disposées bien alignées, et allant de la plus courte et mince, à la plus longue et épaisse. A vrai dire, je m'interroge encore parfois pour savoir si c'était véritablement des pattes, ou bien quelque sorte de longues dents, ou autre appendice rigide.

Il en était une vraiment étrange, complètement plate et très fine, avec une peau très rugueuse, et dont la forme était très simple, un peu comme un bête et long rectangle, dont on aurait arrondi les angles. Le dessus était couleur brun clair, et le dessous, pour sa part, prenait plutôt un ton couleur brique.

A propos d'étrange créature, le spécimen suivant dénotait par rapport à la plupart des autres occupants, étant de nature complètement différente. Perché sur deux longues pattes fines et plates, arc-boutées, terminées par des pieds tout effilés, il possédait une petite tête toute plate, et était entièrement constitué de métal, alors que la plupart d'entre nous étions fait uniquement de plastique ou de verre.

Si, comme je le disais, les sorties étaient régulières, tout le monde n'était pas logé à la même enseigne. Certains sortaient plusieurs fois par jour, et d'autres devaient au contraire attendre plusieurs jours avant d'avoir la chance d'effectuer un petit et rapide séjour en extérieur. Cela créait parfois, comme on peut le comprendre, des jalousies et des tensions.

En effet, généralement, pendant les sorties, plusieurs occupants sortaient en même temps, pas toujours les mêmes, avec un système de roulement. Mais après les périodes de sortie, certains rentraient tout mouillés, d'autres perdaient du volume et/ou du poids.

Parfois, certains, ayant perdu trop de poids, signe évident d'une grave maladie, devaient manifestement périr lors de leur sortie, car on ne les voyait jamais revenir. Malgré tout, dans ce cas, ils étaient généralement très rapidement remplacés par des créatures quasi identiques, à l'évidence de la même race, mais dans de meilleurs dispositions, dès les jours, et parfois même les heures qui suivaient le décès. A croire que les responsables de la prison tenaient à conserver des êtres de chaque espèce, un peu comme Noé dans son arche.

Un jour, un nouvel occupant fut jeté en prison avec nous. Celui-là était différent de la plupart d'entre nous de par la forme un peu plus recherchée de sa tête notamment. Il possédait un corps lisse, assez haut, de forme ovoïde, et était surmonté d'une drôle de tête, qui pouvait se soulever en grande partie, laissant découvrir une énorme bouche, de laquelle on pouvait facilement voir le gosier. Orangé, il possédait la couleur du soleil, lorsqu'il est suffisamment bas dans le ciel pour que l'on puisse voir sa couleur sans se brûler les yeux.

Mais il suffit maintenant de toutes ces descriptions, il est temps de reprendre le cours de l'action qui nous occupe.

Je pense que le fait que ce nouvel occupant, à peine arrivé, ait droit, dès le premier soir, à une sortie, n'a franchement pas plu à tout le monde ! Ce fut certainement une des raisons de l'agitation qui régna ce soir là, et dura pendant une bonne partie de la nuit, pour en arriver aux événements que je vais détailler maintenant.

Cela commença en fait très rapidement après son arrivée, certains reprochant déjà qu'il soit lourd, et écrasait plusieurs des occupants habitués des lieux. Après quelques essais infructueux dans le but de trouver une meilleure place, moins inconfortable, plusieurs continuèrent à râler. La tension montait, de façon palpable, telle l'ambiance lourde de certains soirs, lorsque le ciel commence à être chargé de nuages, et que l'arrivée de l'orage est imminente.

Une grande agitation régnait donc, en plusieurs points de la prison, qui allait grandissante au fil des minutes et des heures qui passaient. On ne savait au juste ce qui allait se passer, mais on sentait bien que cette nuit ne serait pas comme toutes les autres nuits.

Après quelque temps, et avant qu'un drame n'éclate, l'un de nous, dont le souvenir m'a échappé, suggéra l'idée d'une évasion. Cette idée, jugée idiote ou risquée par certains, finalement bien installés dans leur train-train quotidien, emporta malgré tout rapidement l'adhésion d'une majorité d'entre nous. Votre serviteur en fut l'un des premiers partisans.

Le principe étant établi, il était temps de mettre au point un plan. Finalement, tout le monde fut impliqué et se rallia à cette belle et héroïque, quoique dangereuse, initiative. Qu'il était beau de voir ce formidable élan de solidarité, si rare dans ce lieu.

Le toit de notre prison n'était pas toujours totalement fermé, mais l'interstice dégagé par cet espace ouvert restait limité, et n'aurait permis qu'à quelques uns d'entre nous, les plus petits ou les plus fins, de pouvoir s'échapper. De plus, il n'était pas possible d'accéder au toit, pour s'échapper facilement.

J'avais omis de vous signaler que notre prison était souvent déplacée, sans doute pour compliquer une éventuelle évasion. Et justement, ce soir, elle était positionnée de façon bizarre, en équilibre, d'après ce que certains avaient pu apercevoir à un moment donné par l'interstice du toit.

Et si, oui, pourquoi pas… Si, effectivement, il était possible, tous ensemble, de faire basculer la prison, de la faire tomber, se renverser. Peut-être dans ce cas arriverions nous à accéder facilement à ce trou dans le toit, qui ce soir d'ailleurs était de bonne taille. Peut-être pourrions nous enfin, tous unis, nous échapper de cette prison ou, pour beaucoup d'entre nous, nous avions bien trop longtemps séjourné.

Après quelques débats, ce plan fut rapidement adopté, d'autant plus que de toute façon, aucun autre n'avait été proposé de manière sérieuse.

L'heure de l'action fut donc décidée : six heures !

Cela nous permettait de dormir un peu, pour récupérer de toute l'agitation, tant physique que morale ou intellectuelle qui nous avait envahis ce soir, contrairement à d'habitude ; de prendre donc le temps de dormir, pour être fin prêts, en forme, au petit matin, à nous lancer dans cette grande aventure, à une heure où les gardiens dormiraient encore, eux qui n'étaient jamais là avant huit heures.

Donc, nous dormions ; difficilement il est vrai, comme c'est généralement le cas avant une journée bien particulière, dans laquelle on place tous ses espoirs, mais dans laquelle se retrouvent également toutes nos peurs, nos craintes et nos doutes.

Cinq heures quarante cinq, je fut réveillé, comme mes compagnons d'infortune. Très rapidement, tout le monde était prêt à passer à l'action. L'excitation était à son comble, juste avant le début des opérations.

Six heures. Ca y est, le moment fatidique est arrivé. Dans quelques instants, nous serions fixés sur notre sort, et saurions enfin si ce jour serait celui, désormais gravé à jamais dans nos mémoires, de notre liberté.

Tous ensemble donc, nous remuions d'un côté et de l'autre de la prison, en rythme, afin de modifier la répartition des poids, d'engendrer des vibrations, et d'arriver enfin à la faire basculer.

Et ce fut effectivement ce qui arriva. Six heures deux ; après quelques tentatives, l'ensemble de notre prison bascula. Mais ce que nous ignorions, c'est qu'elle était posée au bord d'un précipice, et nous dégringolâmes donc d'un coup dans le vide.

Mais la chute fut rapide, très rapide même, ne nous laissant pas vraiment le temps de réaliser ce qui se passait. Nous avons tous été secoués comme jamais, en tous sens, et chacun en garde certainement encore des traces, sauf peut être les plus résistants d'entre nous.

C'était un chaos, un tumulte incroyables. Chacun essayant de se retenir comme il le pouvait ; mais il était impossible de lutter telle était la violence de la chute. La prison dans laquelle, en temps normal, nous étions déjà tous les uns sur les autres nous trouvait là plus que jamais agglutinés, sans pouvoir faire quoi que ce soit pendant quelques secondes. Nous avons donc, dès que cela fut possible, et que nous avions recouvré nos esprits, rapidement tenté de nous précipiter vers l'interstice laissé béant, et qui de plus s'était légèrement agrandi lors de la chute.

Mais malheureusement, c'était sans compter sur nos gardiens. L'un d'eux, lors de la chute, avait laissé émettre un cri, comme mêlé de surprise, de stupéfaction et de douleur à la fois. Avant que nous ayons eu le temps de nous échapper, notre prison était reprise, et lancée plus loin, et plus bas. Nous avons encore valdingué, l'occasion une fois de plus de tourner dans tous les sens, choquant les uns contre les autres.

Nous avons bien tenté de chercher à nouveau la sortie, dès lors que la course fut achevée. Mais, comble de malchance, si la prison était bien à l'envers, facilitant ainsi l'accès au trou dans le toit, le poids des murs reposant sur le sol nous empêchait de passer par l'interstice, qui s'était de ce fait retrouvé inexploitable, car bouché par le sol.

C'était vraiment trop bête, si prêts du but !

Mais nous avons bien dû finir par nous résigner, et admettre que la liberté n'était pas pour aujourd'hui. Malgré tout, l'aventure nous avait laissé entr'apercevoir une possible évasion, et nous étions bien décidés, si l'avenir s'y prêtait, à tenter à nouveau le tout pour le tout.

Je ne saurais dire si certains d'entre nous avaient réussi dans cette équipée, mais ce qui est certain, c'est que, une fois les choses terminées, tout le monde se retrouvait le lendemain bien à sa place.

Si pendant un temps, nous avons craint des représailles à la suite de cette aventure, il n'en fut rien, et nous reprîmes notre place dans la prison comme auparavant, sans changement notable de comportement à notre égard.

En attendant, notre prison avait trouvé un nouveau lieu, et nous avions tous repris notre sombre existence, pour une durée indéterminée.

J'ai appris par la suite qu'une annexe de la prison contenait d'autres créatures, que j'appellerai les caméléons, et qui étaient pourvus de propriétés étranges. Ceux-là étaient bizarres, avec un corps blanc, tout rond et totalement plat et fin, mais d'aspect très légèrement irrégulier et rugueux. Parfois, leur centre pouvait très vite se colorer, en noir, bleu, vert ou autre couleur, faisant apparaître une large auréole dégradée jusqu'à leur pourtour. Ce que je n'ai pas réussi à élucider est le fait qu'après cette coloration, on ne les voyait plus réapparaître. J'ignore toujours si c'était le signe d'une grave maladie entraînant leur mort rapide, ou si au contraire cela révélait une bonne action, leur valant une rapide libération.

Il me semble temps maintenant d'éclaircir les différents points d'ombre qui pèsent sur cette histoire, car j'imagine la tête du lecteur ou de la lectrice, pleine de doutes, de questions, d'interrogations, et se demandant si l'auteur était, lors de l'idée de cette petite histoire, ou de sa rédaction, sous l'emprise de quelque drogue, ou d'un mélange d'alcool.

Et bien, à la vérité, non, rien du tout, si ce n'est un peu d'imagination !

D'après ce que j'ai appris plus tard, ceux qui manipulaient notre prison appartiennent à la race des humains, et sont nommés des hommes (ou des femmes), et il semblerait que dans leur langue, notre prison soit appelée " trousse de toilette ".

Cette histoire a d'ailleurs failli se nommer, d'après le langage des humains, " Une étrange prison, ou l'attaque nocturne de la trousse de toilette " en liaison avec la chute nocturne de ladite trousse sur sa propriétaire.

Et les différents occupants de la prison, toujours selon leur langue, s'appelleraient " brosse à cheveux ", pour le mille-pattes et le porc-épic, " coton démaquillant " pour les caméléons, " pince à épiler ", " brosse à dent ", " dentifrice ", " peigne "…

Quant à moi, si vous ne l'aviez pas deviné, ce qui ne serait pas anormal étant donné que je ne vous ai pas donné particulièrement de détails à mon propos, je me nomme " le rouge à lèvre " !

Afin de lever tous les doutes qui pourraient subsister, pour ceux qui ne l'auraient pas deviné, laissez moi simplement vous dire qu'avant d'atterrir en prison, ma vie en famille se déroulait au " supermarché ", et que je rêvais de passer ma vie sur l'étagère dégagée de la salle de bain d'une belle villa…



Ecrit par Séverin TERRIER, du 4 au 6 août 2007, à Pailhas (Aveyron).
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